Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Anna-Eva Bergman

BIOGRAPHIE DE L'ARTISTE

 

Anna-Eva Bergman naît à Stockholm le 29 mai 1909, de mère norvégienne et de père suédois. Ses parents se séparent six mois après sa naissance et sa mère la ramène en Norvège où elle passe son enfance et son adolescence. Elle fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts d’Oslo (1927) et à l’École des Arts Appliqués de Vienne (1928). Ses écrits et dessins, dès l’âge de quatorze ans, témoignent de son sens de l’humour et de l’observation. En quelques traits, elle saisit un visage, une attitude ou un mouvement. En avril 1929, elle part à Paris et s’inscrit à l’Académie André Lhote. En mai, elle rencontre Hans Hartung. Ils se marient la même année à Dresde. Son art est marqué à ses débuts par les artistes allemands de la Neue Sachlichkeit, comme George Grosz ou Otto Dix. Ses dessins de personnages emblématiques de la bourgeoisie allemande et française traduisent un regard plein d’humour, mais elle passe volontiers à la satire quand ses dessins évoquent la montée du nazisme en Allemagne au début des années 1930 ou caricaturent le Général Franco en 1935 ou encore l’occupation allemande en Norvège. De 1933 à 1934, le couple s’installe dans l'île de Minorque, aux Baléares. Les peintures et aquarelles de cette période montrent son intérêt pour le nombre d’or ou l’architecture et annoncent les formes simples, construites de son travail futur. Le couple divorce en 1938, Anna-Eva Bergman retourne en Norvège et retrouve sa nationalité norvégienne ; elle était devenue allemande lors de son mariage en 1929. De 1935 à 1945, elle se consacre essentiellement à l’illustration et à l’écriture. En 1946, elle recommence à peindre avec intensité et s’engage à la fin des années 1940 dans une voie non figurative. Peinture et écriture sont alors étroitement liées. Les « carnets » qu’elle a tenus de 1941 à 1951 décrivent son cheminement intime, jour après jour, dans la construction d’un monde pictural symbolique et abondent de questions théoriques ou techniques, de réflexions sur l’art, sur l'esthétique ou la philosophie. La ligne et le rythme y deviennent fondamentaux. Cette période marque un tournant majeur dans sa création. Elle invente et construit peu à peu un univers singulier. Elle réalise son premier tableau à la feuille d’or. Au cours de l’été 1950, elle fait un voyage en bateau le long de la côte norvégienne, visite les îles Lofoten, le Finnmark et les villes principales de la Norvège du Nord, dont elle livre un récit détaillé dans son journal Voyage au cap Nord. En 1951, elle abandonne définitivement l’illustration. En 1952, elle s’installe à Paris et retrouve Hans Hartung. Ils décident de vivre à nouveau ensemble, puis se remarient en 1957. Ils emménagent dans une maison-atelier rue Gauguet, près du Parc Montsouris en 1959. En 1958, dans une série d’oeuvres sur papier de même format, à la tempera et feuille de métal, Anna-Eva Bergman décline pour la première fois en peinture le répertoire de formes qu’elle a développé dans son travail depuis 1952 : pierre, lune, astre, planète, montagne, stèle, arbre, tombeau, vallée, barque, proue ou miroir. Elle en fera l’inventaire complet à la fin des années 1960 sous forme de listes qui détaillent ses thèmes, décomposent son alphabet, fabriquent des ensembles et montrent leurs transformations dans ses peintures et ses estampes. Anna-Eva Bergman et Hans Hartung, en 1964, voyagent en bateau le long de la côte norvégienne, au-delà du Cap Nord et rapportent près d’un millier de photographies. Durant plusieurs années, Anna-Eva Bergman utilisera dans son travail les esquisses et les photographies de ce voyage au Nord. Le couple s’installe à Antibes en 1973. Les oeuvres de Anna-Eva Bergman évoluent alors vers des formes de plus en plus simples et une gamme colorée plus restreinte. Elle abandonne la construction de ses toiles au nombre d’or et enrichit son vocabulaire de formes de deux thèmes : les vagues et les pluies. Anna-Eva Bergman décède le vendredi 24 juillet 1987 à l’hôpital de Grasse. L’artiste a été présentée lors de très nombreuses expositions personnelles, notamment en Norvège, comme en 1969 aux musées d’Oslo et de Bergen, en 1979 à la Fondation Henie-Onstad de Høvikodden ; en Suède, en Finlande, en Italie, comme au Museo Civico de Turin en 1967, à la Biennale de São Paulo en 1969, en Allemagne, comme à la Kunsthalle de Düsseldorf en 1981-1982, à Paris à la Galerie de France où elle expose régulièrement de 1958 à 1977, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris avec une rétrospective en 1977-1978, à Antibes au musée Picasso en 1986.