Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Jadé Fadojutimi

Jadé Fadojutimi est une artiste britannique née en 1993. L’artiste couvre ses toiles de coups de pinceaux frénétiques et d'une palette colorée qui suggèrent un état d'esprit anxieux et très contemporain. Fadojutimi explique que ses œuvres « interrogent l'existence de sentiments et de réactions aux expériences quotidiennes. Elles remettent en question nos perceptions et nos perspectives tout en manifestant des luttes. Elles reconnaissent un manque de soi causé par la pensée automatique que mon identité est déjà définie, et aussi une frustration que la peinture puisse accepter ces caractéristiques mieux que moi ».

Elle explore ainsi un paysage émotionnel complexe qui laisse transparaitre sa quête d'identité. À travers ce processus, Fadojutimi examine comment son sens de l'identité est construit et ses peintures communiquent des émotions qu’elle trouve impossibles à transmettre par le langage.

Dans son interrogation sur l'identité, Fadojutimi est fascinée par la façon dont nous nous parons avec des vêtements et des accessoires afin de construire un sens de soi. Les formes des bas et des nœuds à motifs, ainsi que les échantillons de tissu éclectiques, sont récurrents dans nombre de ses peintures. Les contours d'objets qui résonnent avec l'artiste mais qui échappent souvent au spectateur apparaissent aussi subrepticement. De prime abord totalement abstraites, Fadojutimi pimente ses peintures d'indices figuratifs - des lèvres, un chapeau à large bord, des feuilles et des arbres - qui offrent des points d'accès et des significations allégoriques qui interpellent le spectateur.

 

L'artiste réfléchit également au traumatisme que représente le fait de se sentir déplacé ou aliéné par rapport à son environnement. Nombre de ses œuvres représentent des paysages mystérieux qui se situent entre la figuration et l'abstraction, une tentative de créer une forme de réalité parallèle mais distincte du monde réel.

D’ailleurs, confrontée à l'impossibilité de s'aventurer dans son atelier lorsque le confinement en 2020 a frappé, Jadé a décidé de le prendre comme un élément positif et a commencé à travailler de chez elle. L'énergie changeant inévitablement, Jadé s'est adonnée au pastel gras lorsqu'elle dessinait chez elle, un nouveau médium qui lui a fait penser différemment au processus et à la « distance physique entre le pastel gras et le pinceau ». Sa « motivation à prendre une couleur »a également changé.

Our Unpleasant Bless fait partie des œuvres produites durant cette période. Tout en restant un prolongement de son identité, les nouvelles toiles évoquent le réseau plus large des complexités politiques et sociales, comme le reflètent leurs nœuds de couleurs : « Je pense que nous pouvons traduire beaucoup d'humeurs en couleurs, et les voir littéralement aussi. J'ai beaucoup réfléchi à ce que signifie parler de l'identité, ou la remettre en question... Nous sommes tous des couleurs qui fluctuent constamment, nous changeons chaque jour, nous changeons chaque minute, et c'était une chose merveilleuse de penser à la raison pour laquelle ces peintures me semblent si différentes tout le temps, parce que je change constamment, et les couleurs que je vis changent constamment. Je ne veux pas utiliser la couleur littéralement, c'est plutôt une sorte de synthèse ».

Son travail a fait l'objet de nombreuses expositions en galeries et musées dont 11th Liverpool Biennial, Liverpool, la Taka Ishii Gallery, Tokyo, la Galerie Gisela Capitain, Cologne, ou la Capitain Petzel, Berlin. Les œuvres de Jadé Fadojutimi ont été proposées à de multiples reprises aux enchères, avec des prix réalisés allant de 45 543 dollars US à 378 000 dollars US, selon la taille et le médium de l'œuvre. En 2021 et 2022, elle a des projets solo Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin, à la Galerie Gisela Capitain, Cologne, à l’ICA Miami, Project Space, et au Hepworth Wakefield, Wakefield.

Jadé Fadojutimi (1993)

Our Unpleasant Bliss, 2020

Huile et pastel gras sur toile

180 x 170 cm