Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Carte blanche | Laura Huertas Millán | Projections Événement / Cinéma

Time scale 1h30
Publics
Adultes
Personnes à mobilité réduite
Address
Salle Matisse - Niveau 3 du musée
Hours
The : Thursday 1 December 2022 from 19h30 to 21h00

Al Río / Au fleuve
Carte blanche à Laura Huertas Millan

À l'occasion de l'exposition Zoe Leonard, Al río / To the River, le MAM Paris invite Laura Huertas Millán, artiste et cinéaste Franco-Colombienne à concevoir une soirée de projections représentant une scène artistique latino-américaine.

En réponse à l’exposition de Zoe Leonard et à l’instar de sa démarche, le programme de cette carte blanche présente des films se construisant autour de l’eau. Cet ensemble de pièces audiovisuelles crée un dialogue, mais aussi un contre-champ avec Al río / To the River, avec les formes et les sujets qui l’habitent.

Si le déplacement, volontaire ou forcé, apparaît au cœur de cette exposition, il est aussi présent dans les films ici proposés. Il sera question de diaspora et d’identités diasporiques, de l’héritage des guerres et des génocides qui ont fondé les Amériques coloniales et modernes, mais aussi et surtout d’histoires d’insoumission et de libération. Cet ensemble d’œuvres fait émerger plusieurs subjectivités profondément ancrées dans le plurivers d’Abya Yala*, c’est-à-dire dans la multitude de mondes qui y co-existent et son multiculturalisme. Les films de ce programme sont loin des imaginaires d’explorations, de découvertes, de natures hostiles tropicales et autres tropes occidentaux. Ici les récits centrent les territoires, physiques ou immatériels, ainsi que leurs affects fluides et liquides. Ils content des traversées intérieures et extérieures où convergent les vestiges de l’histoire, les résistances au présent et les imaginaires du futur.

Dans le livre accompagnant l’exposition Al río / To the River de Zoe Leonard, Tim Johnson met l’accent sur la préposition « al » « to » précédant le mot fleuve dans le titre Espagnol et Anglais, et sur sa double signification : « la coexistence » et « l’échange » avec le site. Al río évoque ainsi l’aller vers le cours d’eau ; mais il évoque aussi l’hommage — pour le fleuve. Le programme de films élaboré pour cette carte blanche joue de cette dualité de sens, en présentant des films tournés vers l’eau, tout en étant de possibles offrandes à des rivières ou autres cours d’eau.

*Abya Yala, mot Guna, est le nom le plus ancien connu pour le continent Américain. Nous le préférons au terme Amériques, centré sur la figure du colonisateur Americo Vespucci.

 

Programme

Ana Mendieta, Creek, 3 mins, 1974, Cuba et Etats-Unis
Née en 1948 à La Havane, Ana Mendieta, fille d'une famille de la classe dirigeante pré castriste, dut quitter Cuba avec sa sœur en 1961, juste avant la révolution, pour des raisons de sécurité (elle soupçonnera plus tard son père, emprisonné par le régime de Castro, d'avoir travaillé pour la CIA). Les fillettes émigrent aux Etats-Unis dans l'Iowa. Leur mère les rejoindra cinq ans plus tard.

À la fin des années 1960, elle étudie à l'université d'Iowa, ville où elle réalise ses premières performances à partir de 1971. Par la suite, elle travaille la photographie, le cinéma super-8 et la vidéo. Après sa mort en1985, des expositions rétrospectives ont été organisées par de nombreuses institutions internationales; elle l’une des artistes latino-américaines les plus importantes de sa génération.

Gleidys Salgado, Colectivo Kucha Suto, Plan de Fuga, 12 mins
Collectif audio-visuel Afrocolombien, basé à San Basilio de Palenque, ville marrone qui a été la première dans les Amériques à être libre du joug Espagnol (1617). Plan de fuite raconte à travers la fiction l’histoire réelle de Mambala Kunaka, une femme marronne qui sauve un groupe d’enfants pendant leur fuite de l’esclavage, assurant ainsi le futur de sa communauté, celle de Palenque, et de la décolonisation — puisque ces villes marrones ont été fondamentales dans les guerres d’indépendance vis-à-vis des envahisseurs expagnols et restent aujourd’hui des emblèmes d’une résistance politique qui se conjugue au présent. Le collectif naît d’ailleurs en 1999 de la nécessité de préserver les traditions, les coutumes, le patrimoine oral et immatériel de la communauté de Palenque; il s’agit de constituer et de prendre soin d’une archive locale des existences de ce territoire. La mémoire est au centre de leurs préoccupations, comme l’atteste ce film, où le corps, le fleuve, ou la nature sont autant d’outils pour échapper au colonialisme mais aussi pour transmettre cette histoire.

Juanita Onzaga, tomorrow is a water palace, 15mins 35 secs
Juanita Onzaga (1991) est une cinéaste et artiste visuelle colombienne qui vit actuellement entre Bogota, Bruxelles et le Mexique. Dans ses films, Onzaga combine des éléments de fiction et de non-fiction, touchant à l'importance de la mémoire, de la mort, de l'imagination et du savoir ancestral. Ces films mettent en scène la transformation des traumatismes liés aux conflits violents, le monde des rêves, l'animisme, le futurisme, la technologie et la danse.

Mileidy Domicó, Mu Drua, 21mins 33secs
Mileidy Orozco Domicó (1992) est une artiste audiovisuelle du peuple Êmbera Eyabida d'Antioquia, et héritière du savoir du tissage ancestral de son peuple. Elle a réalisé plusieurs courts métrages, tels que : Mu Drua |Mi Tierra, Jendá |Volver, La Guajira, Kirincharúa |Piensa más allá, Bania |Agua, Truambi |Canto, Vida Ora |Así comenzamos, entre autres.

Dalissa Montes de Oca, Yanelly, 13 mins 49 secs
Dalissa Montes de Oca est une cinéaste et une directrice de la photographie originaire de la République dominicaine. Elle est titulaire d'une licence en photographie (2019) et en études cinématographiques (2021) de l'école de design Altos de Chavon. Le travail de Dalissa Montes de Oca dessine le contexte social et politique dominicain, ainsi que ses dualités avec la périphérie et la déferlante humaine, la non-fiction et la mémoire collective. Grâce à une approche sensorielle des images en mouvement, ses œuvres visent à étudier la subjectivité dans le cinéma et à s'engager au cœur de la narration.

 

María Rojas y Andrés Jurado, FU, 9 mins 22 secs 
Artistes et cinéastes, co-directeurs de La Vulcanizadora, un laboratoire de création en cinéma, arts visuels et théâtre élargi. Leurs projets sont habités par une intense exploration de la notion d'archive et de contre-archive liée aux processus de mémoire historique, aux récits de révolution, de résistance, de science-fiction, de colonisation, de politique et d'altérité radicale. Leur pratique se développe à travers un dialogue intense basé sur les pratiques matérielles et l'expérimentation cinématographique avec des formats analogiques et hybrides. Leur travail a été présenté à ICA London, Berlinale, FidMarseille, Lincoln Center, entre autres.

Laura Huertas Millan, El laberinto, 2018, 19 mins

 

Laura Huertas Millán
Née en 1983 à Bogota (Colombie). Vit et travaille en France. Diplômée des Beaux-Arts de Paris et du Fresnoy, Huertas Millán est docteur en Arts visuels, après avoir développé une recherche de pratique cinématographique autour de la “fiction ethnographique” entre les Beaux-Arts de Paris, l’ENS rue d’Ulm (programme SACRe), le Sensory Ethnography Lab et le Film Study Center de l’Université de Harvard.
Laura Huertas
Millán est une cinéaste et artiste visuelle franco-colombienne, dont la pratique se situe à l'intersection entre le cinéma, l'art contemporain et la recherche. Depuis plusieurs annnées, elle développe une oeuvre combinant cinéma, ethnographie et fiction.
Son travail a été projeté internationalement dans des espaces d’art tels que le Centre Pompidou à Paris; la Galerie Nationale du Jeu de Paume, Paris; le Solomon R. Guggenheim Museum, New York; le Film Society of Lincoln Center, New York; le Museo de Arte Moderno de Buenos Aires, Argentine; Western Front, Vancouver; Les Laboratoires d´Aubervilliers, Aubervilliers; la galerie Instituto de Visión, Bogotá, parmi d’autres. Ses expositions individuelles récentes incluent la maison des Arts de Malakoff (France) et le Museo de Arte de Medellín (Colombie). Ses films circulent aussi dans le milieu du cinéma, et font partie des sélections officielles de festivals tels que le Toronto International Film Festival, Cinéma du Réel, Torino, Cartagena, FICUNAM, La Havane, parmi d’autres. Ils ont été primés au FIDMarseille, à Doclisboa, au Fronteira Film Festival, au Festival de documentaire de Bogota (MIDBO), à Videobrasil et à la Biennale de l’Image en Movement de Buenos Aires. Des focus sur son travail ont été programmés au Flaherty Seminar (New York), à la Cinémathèque de Toronto et à la School of the Arts Institute of Chicago (Conversations at the Edge). Ses oeuvres font partie de collections privées (telle la Kadist Foundation), ainsi que de Fonds d’art contemporain départementaux Français.