Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Oublier le bijou Événement, Conférence / Colloque

Durée 8h00
Publics
Adultes
Heures
Le : Jeudi 12 octobre 2017 de 10h30 à 18h30

Medusa, bijoux et tabous est une exposition de bijoux inédite, transhistorique et pluridisciplinaire. Elle prend le parti de déconstruire les a priori qui définissent notre perception du bijou souvent perçu comme trop féminin, trop précieux, trop corporel, trop primitif. Ces quatre thématiques permettent d’explorer le bijou dans son rapport à l’identité, à la production de valeur(s), de saisir la question de son autonomie et des rituels qu’il accompagne.
Dans le cadre de cette exposition, la commissaire et les conseillers scientifiques, Anne Dressen, Michèle Heuzé et Benjamin Lignel, ont conçu le colloque Oublier le bijou qui entend développer, non sans esprit de contradiction, trois problématiques questionnant le bijou comme simple objet ornemental.
Les trois parties du colloque portent sur le renoncement, l’artification et la re-accessoirisation du bijou : renoncement au bijou en tant que vecteur d’identités formatées et liées au féminin ; l’artification du bijou et son devenir-oeuvre (au-delà du corps, dématérialisé ou au contraire sculptural) ; et finalement sa re-accessoirisation, car le bijou s’invente de nouvelles utilisations. Nous parions que d’envisager l’absence du bijou, sa mise à l’épreuve d’un “peut-être-pas”, nous permettra de mieux en comprendre les limites et les ressources.

 

RENONCER | 10H30 > 12H30

Le colloque entend aborder comment, pour des raisons différentes et à des époques différentes, la plupart des hommes et certaines femmes – féministes et/ou lesbiennes – se sont dépris du bijou ou l’ont détourné : en choisissant de ne plus en porter, ou en se tournant vers d’autres codes ou objets de la panoplie vestimentaire. Il s’agit donc d’aborder ici deux aspects antinomiques de la parure : comme instrument normatif et lieu de résistance à la norme.

Introduction

Jean Claude Bologne - Philologue, historien de la coquetterie masculine, Paris
Le dédit masculin

Catherine Gonnard - Historienne de l’art et du monde lesbien, Paris
Bijoux discrets de « femmes remarquables »

Elizabeth Fischer - Historienne de la parure, Genève
Discutante

 

FAIRE OEUVRE | 14H > 16H

Oublier le Bijou propose aussi une mise en parallèle entre le bijou contemporain et l’art conceptuel, qui ont en commun de remettre en cause l’objet dans sa matérialité ou son format. Le bijou peut ainsi devenir importable : installation ou sculpture, performance ou idée. Si les stratégies de rupture de l’art conceptuel et du bijou contemporain se ressemblent, elles ne procèdent pourtant pas d’un même attachement à la matière ou au geste et doivent être analysées selon leur contexte spécifique.

Introduction

Jorunn Veiteberg - Historienne de l’art et de l’artisanat contemporain, Copenhague
«It’s the thought that counts», on conceptual jewellery. [en anglais]

François Piron - Critique d’art et commissaire d’exposition, Paris
Perles conceptuelles : du geste à la relique.

Roberta Shapiro - Sociologue, Paris
Discutante

 

DEVENIR ACCESSOIRE | 16H15 > 18H15

Dans le même temps, le bijou peut explorer de nouvelles fonctions, plus technologiques ou plus érotiques. Il s’agit du bijou conçu comme un double accessoire utilitaire et corporel. Le risque est ici de renvoyer le bijou à sa position d’objet subalterne – une position qui lui empoisonne l’existence depuis plusieurs siècles – pour voir si, après tout, elle ne lui permet pas de se réinventer une fois de plus, reflétant, comme toujours, les évolutions de la société.

Introduction

Elizabeth Fischer - Historienne de la parure, Genève
Alliances : bijou et technologie

Betony Vernon - Designer, auteur et anthropologue du sexe, Paris
Pleasure toolkit, the body explored [en anglais]

Étienne-Armand Amato - Chercheur en sciences et communication, Paris
Discutant

 

 

| EN SAVOIR PLUS SUR LES INTERVENANTS |

 

Jean Claude Bologne, philologue et écrivain, est spécialiste de l'histoire des sentiments et des comportements (amour, couple, pudeur...). Il a notamment publié une Histoire de  la coquetterie masculine (Perrin, 2011).
 

Catherine Gonnard, spécialiste de l’histoire des artistes femmes, et co-auteure avec Elisabeth Lebovici de Femmes artistes/artistes femmes, Paris, 1880 à nos jours. Toutes deux travaillent actuellement sur la culture visuelle des « lesbiennes » dans les années 1950-1960, notamment à la télévision française.
 

Elizabeth Fischer est professeur et responsable du département Design, Mode, Bijou et Accessoires de la Haute école d’art et de design HEAD – Genève. Son champ de recherche, d’enseignement et de publication est l’histoire culturelle de la parure au sens large - mode, bijou, accessoire et ornement corporel.
 

Jorunn Veiteberg est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art à l’Université de Bergen, Norvège. Elle a travaillé comme conservatrice au Centre d’art Hordaland et à la Gallerie F15 à Moss, et a également dirigé le département Art pour la Télévision nationale norvégienne. Depuis son déménagement au Danemark en 1995, elle est écrivain et chercheuse indépendante. Veiteberg a écrit plusieurs livres et de nombreux articles sur différents sujets d’histoire de l’art ; en tant que professeur invitée à l’Académie des Arts de Bergen, l’Académie des Arts d’Oslo et l’Académie du Design et de l’artisanat de l’Université de Göteborg, elle s’est surtout concentrée sur la théorie de l’artisanat et les pratiques de l’artisanat contemporain. Veiteberg dirige aussi le comité pour la recherche et le développement du Conseil pour les Arts de Norvège depuis 2014 et est membre de ce conseil depuis 2016. Veiteberg est par ailleurs collectionneuse de bijoux contemporains et sa collection sera l’objet d’une exposition au Musée National des Arts Décoratifs et du Design  (Nordenfjeldske Kunstindustrimuseum) à Trondheim, en Norvège, du 22 septembre au 18 novembre 2018.
 

François Piron est critique d'art et commissaire d'exposition indépendant. Il dirige le post-diplôme de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon et co-dirige les éditions Paraguay à Paris. Il est l'auteur de deux ouvrages parus en 2017: Théâtre complet de Guy de Cointet, et L'Esprit français: contre-cultures 1969-1989. Il a réalisé de nombreuses expositions, notamment au Palais de Tokyo et à La Maison rouge, Paris, au Museo Reina Sofia, Madrid, à la Fondation Serralves, Porto et au Kunstnernes Hus, Oslo. Il a été commissaire de la Biennale de Rennes en 2016.
 

Roberta Shapiro est sociologue à l'Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain, à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), Paris. Ses travaux portent sur le changement social dans l'art et la culture, à travers l'idée d'artification, à savoir le processus de transformation du non-art en art. Elle a co-dirigé l'ouvrage : De l'artification. Enquêtes sur le passage à l'art, Paris, EHESS, 2012.
 

Betony Vernon est designeur, auteur et anthropologue sexuelle vivant à Paris. Son travail en métal précieux, marbre et autres matériaux nobles, est inspiré par le corps humain, l’érotisme et le bien-être sexuel. Vernon est connue pour créer des bijoux-outils luxueux, durables et respectueux du corps, en réponse à l’industrie des sex-toys. Son premier livre, The boudoir bible-The uninhibitied Sex guide fut publié par Rizzoli International. Il est disponible en 7 langues et fut un best-seller en France en 2017. Le travail pionner de Vernon dans les domaines du design et de la sexologie font d’elle une référence pour le bien-être sexuel au 21ème siècle. Elle a inventé le terme Sado-chic en 1992 pour nommer sa première collection érotique, posant les fondations de son projet Paradise Found qui existe depuis maintenant 25 ans.
 

Etienne Armand Amato est Maître de Conférences en Sciences de l'Information et de la communication à l'UPEM (Université Paris-Est Marne-la-Vallée), laboratoire DICEN-IDF. Il réalise des recherches en communication sur l'érotisme contemporain et sa médiatisation avec des méthodes issues de la sémiologie, de la sociologie et des études ludiques. Il a notamment co-dirigé en 2014 le numéro 69 de la revue Hermès intitulé "Sexualités" et contribué en 2017 au catalogue de l'exposition Medusa (entrées : "Erotica" et "Pointe").