Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Rythme n°1 Robert Delaunay

Rythme n°1, Robert Delaunay

A la suite de certains théoriciens de la couleur (Michel-Eugène Chevreul, Ogden Rood), Delaunay poursuit, avant la première guerre mondiale la recherche d’une peinture fondée sur la loi des contrastes de couleurs se développant dans le temps et se percevant simultanément. Ce cubisme particulier, dénommé « Orphisme » par Apollinaire, donnant l’illusion du mouvement, se met au service d’une thématique d’un monde moderne en plein essor : Tour Eiffel, hélices d’avions en rotation, sport.

En 1930, Delaunay renoue avec l’art « inobjectif » dans les Rythmes et les Rythmes sans fin où s’exprime la couleur seule qui, par son organisation, sa dimension, ses rapports dans l’espace, détermine les rythmes des formes. L’Exposition internationale de 1937 est l’occasion pour bon nombre d’artistes de recevoir des commandes. Delaunay, appuyé par l’activité de son épouse Sonia Terk, peintre et créatrice de meubles et de tissus « simultanés », pose depuis longtemps la question de l’abandon d’une peinture de chevalet au profit d’un art investissant tous les espaces de la vie quotidienne. Delaunay fut chargé, en collaboration avec l’architecte Félix Aublet, d’un important ensemble de décorations pour le Pavillon des Chemins de fer et pour le Pavillon de l’Air et de l’Aéronautique, qui connurent un grand succès public.

L’année suivante, de grandes peintures sont commandées à Albert Gleizes, Jacques Villon, André Lhote, Sonia et Robert Delaunay pour décorer le hall de sculptures du Salon des Tuileries. Ces compositions monumentales, exposées en 1939 à l’Exposition du groupe des Réalités nouvelles (considéré comme le premier Salon d’Art abstrait, Galerie Charpentier), furent ensuite données à la Ville de Paris. Les possibilités dynamiques des disques colorés qui entrent en mouvement par la seule action physique du regard, sont exploitées pour donner leur rythme à la composition. Par un effet « synchromique », la vision est activée par les jeux de courbes et de contre-courbes, des disques aux cercles concentriques de diverses épaisseurs qui se contrarient, et surtout par les couleurs qui s’opposent en complémentaires (rouge/vert, bleu/orangé)  et en dissonances (rouge/bleu ; rose/rouge, etc.). Ces toiles  dont le musée possède également les maquettes, constituent l’aboutissement des recherches de Delaunay avant sa disparition précoce en 1941.

D.G.