Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Carte blanche à Ari MarcopoulosBeware*

Le Musée d’Art Moderne de Paris donne carte blanche à l’artiste Ari Marcopoulos, photographe et cinéaste emblématique de l’underground new-yorkais et figure du monde du skateboard. Pour la première fois au Musée, son œuvre Brown Bag est présentée dans une installation spécifique. De la même manière qu’il porte un regard à la fois d'initié et d'anthropologue sur ses sujets, Ari Marcopoulos propose également une nouvelle lecture de certaines œuvres des collections du MAM, par le prisme des contre-cultures dont il est si familier.

Au-delà d’un bâtiment consacré à l'art moderne et contemporain, le site du Palais de Tokyo – plus particulièrement son esplanade – est aussi un haut lieu du skateboard mondial. Dès les années 1990, l’endroit connu sous le nom de « Dôme » devient rapidement prisé par les skateurs de la scène parisienne, puis internationale, pour ses particularités architecturales et son revêtement. Le Musée d’Art Moderne de Paris souhaite ainsi mettre à l’honneur cette discipline qu’il côtoie au quotidien, et qui est mise en avant par l’organisation des JO de Paris 2024. Après avoir fait son entrée en tant que « nouveau sport » aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, le skateboard fait désormais partie des quatre sports additionnels des épreuves qui se déroulent à Paris cet été.

C’est pourquoi, à cette occasion, le Musée d’Art Moderne décide de donner carte blanche à l’artiste Ari Marcopoulos, connu pour son travail autour de la jeune culture, au-delà du skateboard. En 2021, le Musée fait l’acquisition de son film Brown Bag (1994/2020) – qui est présenté pour la première fois – et dans lequel on découvre des prises de vue de skateurs, filmés par l’artiste au milieu des années 1990 à New York.

Autour de cette projection, l’artiste propose une relecture des collections du Musée d’Art moderne à travers une sélection d’oeuvres qu’il met en parallèle avec ses propres photographies. Incarnations plastiques des différents points de vues que l’artiste souhaite confronter aux oeuvres du musée, les portraits d’Ari Marcopoulos viennent dialoguer avec des artistes tels que Hans Bellmer, Brassaï, Giorgio de Chirico, César, Isa Genzken, Annette Messager, Bruce Nauman, Daniel Turner ou Christopher Wool. Le parcours traite ainsi – à travers une quarantaine d’oeuvres – du mouvement, du corps, mais aussi de l’architecture, thématiques chères aux cultures urbaines auxquelles Ari Marcopoulos s’intéresse depuis le début de sa carrière.

 

Le Musée d’Art Moderne de Paris m'a invité à réaliser une exposition autour de leur acquisition de "Brown Bag", un court métrage super-8 de skateurs à New York que j'ai réalisé en 1993. Le film est resté non développé dans un sac en papier brun pendant 25 ans et je l'ai redécouvert lors d'un déménagement en 2018, puis je l'ai monté. C'est un trésor qui aurait pu facilement disparaître.

Lorsque le musée m'a proposé de parcourir sa vaste collection et de choisir des oeuvres à exposer avec mon travail, j'ai compris qu'une redécouverte similaire à celle que j'avais faite avec mon film était possible avec la collection, qui compte plus de 15 000 oeuvres. J'ai d'abord été submergé, mais j'ai fini par trouver un moyen de faire une sélection. C'était à la fois une source d'inspiration et une sorte d'éducation. J'ai cherché des thèmes liés au corps, aux blessures et à l'architecture, ainsi que des oeuvres que je considérais comme difficiles et déroutantes. Certains des artistes que j'ai choisis m'étaient familiers, mais d'autres étaient nouveaux pour moi. La découverte de ces nouvelles oeuvres a été exaltante. Je me sentais comme un enfant dans un magasin de bonbons. Le processus n'était pas si différent de celui que j'utilise en tant que photographe et cinéaste. Une grande partie de mon travail consiste à trouver des choses. Mes yeux et mon esprit sont toujours ouverts à ce qui m'entoure - la curiosité et la passion me poussent à m'engager profondément dans le monde. Il n'y a rien de plus enivrant que de se plonger dans un nouveau projet et d'y consacrer son corps et son esprit.

Ari Marcopoulos
27 janvier 2024

 

Ari Marcopoulos est né en 1957 à Amsterdam, d’un père grec pilote de ligne – qui va lui offrir très tôt son premier appareil photo ramené du Japon – et d’une mère mannequin néerlandaise. Il s’installe à New York en 1979 où il s'investit rapidement au sein de la scène artistique locale, au contact d'artistes tels que Jean-Michel Basquiat, Keith Haring ou Robert Mapplethorpe. En imprimant pour Andy Warhol et en travaillant pour le photographe de mode Irving Penn, il a créé une toile de fond contre laquelle Marcopoulos se rebellerait plus tard. Il a cherché à influencer des âmes soeurs, des jeunes qui s'opposaient à l'ordre établi. Témoin de l'émergence de la contre-culture au milieu des années 1980, ses photos capturent l'apogée du skateboard et de la scène hip-hop naissante. Ses sujets sont des musiciens, des célébrités, des artistes et des amis, ainsi que des anonymes dans les différents lieux qu'il visite.
Plus de 200 de ses livres et zines ont été publiés. Son travail fait partie des collections du SFMOMA, du Whitney Museum et du Fotomuseum Winterthur. Ses photos ont été publiées dans le NY Times, Aperture, Arena Homme Plus, Vogue, Dazed and Confused et bien d'autres publications. Ses pochettes de disques comprennent celles de A Tribe Called Quest, Beastie Boys, Brand Nubian et Jay-Z pour la pochette de Magna Carta Holy Grail.

Commissaire : Olivia Gaultier-Jeanroy

 

Ari Marcopoulos
Brown Bag
1994/2020
Film 8 mm en noir et blanc, sonore
7'21''
Edition 1/3
Collection Musée d'Art Moderne de Paris
© Film still, courtesy of the artist andgalerie Frank Elbaz, Paris.