Éric DubucPrésentation des œuvres récemment acquises
Du au
Né à Paris en 1961 d’une famille franco-allemande, Éric Dubuc produit ses premiers dessins pendant sa scolarité à l’école Steiner-Waldorf. À 18 ans, il passe une année à l’École Nationale des Beaux-Arts avant de poursuivre sa formation par des voyages lointains et solitaires, en Asie et en Afrique. Au cours d’un de ces voyages en République démocratique du Congo, il contracte le paludisme et il est hospitalisé à l’hôpital Claude Bernard, d’où il ressort très affaibli physiquement et psychologiquement. En 1985, il expose au Salon de la Jeune Peinture à Paris, où son travail rencontre un premier succès. Son œuvre, aussi précoce que profondément pessimiste et distante, s’interrompt par son suicide, à l’âge de 25 ans.
Le regard d’Éric Dubuc se pose sur le monde à la manière d’un scalpel. Qu’il peigne la violence ordinaire de la rue ou le misérable réalisme des intérieurs, son art rejoint une forme de cruauté, jusqu’à la déchirure. La froideur impitoyable de la vie urbaine est figurée dans des scènes de bar désenchantées où des personnages solitaires se côtoient sans se rencontrer, ou bien dans des métros où règnent l’indifférence et l’anonymat. Son œuvre est aussi composée d’autoportraits anguleux marqués par la mélancolie, ainsi que par de nombreuses fenêtres, toujours fermées, au travers desquelles se dessine un monde proche et pourtant hors de portée.
Outre l’acuité précise du décor, ses œuvres font souvent preuve d’une grande attention portée aux visages, dessinés d’une ligne sinueuse capable de traduire la « physionomie du psychisme » qu’il retient de ses cours d’anatomie. La même veine expressionniste s’exprime dans son goût pour la flétrissure des corps vieillissants, toujours rendus d’une manière sèche et précise, refusant toute forme de pathos. Grâce à un don de la famille de l'artiste en 2022, dix œuvres d'Éric Dubuc sont entrées dans les collections du musée. Cette présentation est complétée par des œuvres provenant du Musée Carnavalet - Histoire de Paris et du Centre national des arts plastiques, ainsi que par un certain nombre de prêts de la famille.
Commissaire : Julia Garimorth, conservatrice en chef au Musée d’Art Moderne de Paris
Autoportrait de profil, 1986
Huile sur toile
© Musée d'Art Moderne de Paris, don de la famille de l'artiste en 2022. Photographie : Cécile Dubuc