Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Kimyo Mishima

Kimyo Mishima (née en 1932) est une artiste japonaise contemporaine. Elle vit toujours à Toki au Japon.

Au cours des quarante dernières années, son travail a été présenté dans des musées du monde entier. Comme beaucoup de femmes céramistes, elle a débuté sa carrière comme peintre au début des années 1960; progressivement, au début des années 1970, l’argile a remplacé la toile. Elle est ainsi surtout connue pour avoir créé des céramiques très réalistes en céramique d’objets imprimés et en papier tels que des journaux, des bandes dessinées, des affiches et des cartons, qu'elle sérigraphie sur de l’argile sculpté; elle s'intéresse aussi à des objets manufacturés, comme des canettes de boissons et de sodas, qu’elle réalise aussi en céramique, et montre des parallèles avec les œuvres de Claes Oldenburg et Andy Warhol, ainsi que les collectifs japonais d’après-guerre Gutai et Dokuritsu Art Association. Ses cannettes lui ont valu sa reconnaissance au Japon et à l’international. Elle a toujours été fascinée par les objets de rebuts et les poubelles, des objets qui ont perdu leur utilité et leur raison d’être ; leur contemporanéité, dans le design, l’a toujours interrogée, alors même qu’il ne s’agissait in fine que d’objets éphémères. Aujourd’hui, suivant l’évolution de notre conscience écologique nous les voyons comme des vestiges d’une période quasiment révolue.

Plus récemment, elle a perfectionné ses techniques et élargi sa perspective pour créer des monuments dans l'espace public, de plus grande échelle, toujours inspirée par la culture populaire, en se concentrant sur le thème du flux et de la consommation  d’une manière humoristique et distanciée, politique et critique. Toujours sensible aux problématiques actuelles de l’environnement et du gaspillage, mais aussi à la surdiffusion anxiogène d'information et de datas, Mishima engage le regardeur à une certaine prise de conscience. Elle a récemment été reconnue en dehors du Japon, et a participé à certaines des expositions portant sur le mouvement Pop abordé d’un point de vue moins américano-centré, et plus global.

Dans l’œuvre proposée à l'acquisition, Comic Book 19-S2, 2019, Mishima transforme et fige, ainsi des albums manga imprimés en grande série et quasi jetable (mais dont les planches étaient originellement peintes à la main), en une sculpture unique et pérenne, bien que fragile; Les mangas sont une forme de littérature très populaire au Japon, se développant entre les années 1970 et 1990, et touchant toutes les couches de la société et toutes générations confondues. Aujourd’hui, les mangas sont très appréciées, en Occident, et notamment par la plus jeune génération de lecteurs.

Il est intéressant de noter que l’artiste réalise des trompe l’œil en céramique, sachant que la céramique est un médium qui, traditionnellement, a très souvent été utilisée pour simuler d’autres matériaux, naturels notamment ; les céramistes japonais ont ainsi cherché les effets du jade, de la poudre de thé, du scintillement des étoiles, ou encore de la fourrure de lièvre. Les effets lustrés, permettent d’imiter les métaux, le biscuit de porcelaine le marbre etc. Mishima perpétue, à sa manière, la propension mimétique de la céramique, en la transférant dans le monde visuel de la culture populaire contemporaine. elle s'émancipe aussi de l'esthétique mingei japonaise, plus austère et fonctionnelle.

Deux autres pièces étaient également soumises – mais non retenues - , au choix du Comité des Experts qui sest tenu en février 2021 au MAM :

La première, datant des années 1980, plus historique donc, est plus ouvertement conceptuelle aussi : Work BP 80, 1980, appartient à sa série des Newspapers ; il s'agit ici d'un journal anglais sérigraphié sur un émail foncé (inspiré par un séjour en Italie et une technique utilisée pour les tuiles) plus monochrome, plus subtile aussi. Le processus technique implique ainsi 3 cuissons : pour le biscuit, puis pour l’émaillage, puis après la sérigraphie. Il est à noter qu’elle n’a réalisé que 3 versions en noir et c'est le seul exemple qui existe aujourd'hui. Cette pièce date d’avant a bourse de recherche et son séjour à NY. Elle réalisa des pièces avec le New York Times ensuite ;

L’autre, est une poubelle en métal qu’elle a réalisé en 2012, avec des cannettes plus récentes. Il s’agit d’une de ses pièces emblématiques, dont une autre version sera présentée dans l’exposition Les Flammes.

Ses œuvres font partie des collections permanentes du Everson Museum of Art de New York; La First National Bank of Chicago; Le Musée d’Art Olot, Espagne; La Korean Culture & Arts Foundation Seoul; Le Musée d’Art Contemporain de Tokyo; Le Musée national d’art d’Osaka; Site d’art Benesse Naoshima; et le Musée national d’art moderne de Kyoto.

Kimiyo Mishima (1932)

Comic Book 19-52, 2019

Céramique en grès sérigraphiée

20 x 18 x 12 cm