Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

La Fée Electricité Raoul Dufy

Comme Fernand Léger, Robert Delaunay et nombre d’autres artistes, Raoul Dufy reçoit pour l’Exposition internationale de 1937 à Paris la commande de décorations monumentales, notamment celle du mur légèrement courbe du hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars. Il se plie au programme du commanditaire, la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, pour raconter La Fée Électricité en s’inspirant entre autres du De rerum natura de Lucrèce.

Entre Histoire et mythologie

Cette composition de 600 m2 mètres déploie, de droite à gauche et sur deux registres principaux, l’histoire de l’électricité et de ses applications, depuis les premières observations jusqu’aux réalisations techniques les plus modernes. La partie supérieure est un paysage changeant dans lequel le peintre a disséminé ses thèmes favoris : voiliers, nuées d’oiseaux, batteuse, bal du 14 juillet. Le long du registre inférieur sont disposés les portraits de cent dix savants et inventeurs ayant contribué au développement de l’électricité.

Mêlant la mythologie et les allégories à l’exactitude historique et à la description technologique, Dufy joue sur l’opposition des contraires. Au centre, les dieux de l’Olympe et les générateurs de la centrale électrique reliés par la foudre de Zeus ; la nature primordiale et les architectures ; les travaux, les jours et les machines modernes. Immédiatement à gauche du centre, Iris, messagère des dieux, fille d’Electra, vole dans la lumière, au-dessus d’un orchestre et des capitales du monde diffusant toutes les teintes du prisme. Des aplats de couleurs rouges, bleus, jaunes ou verts indépendants du dessin très souple, organisent et dynamisent cette composition virtuose.

600m2 en moins d'un an 

La méthode utilisée par Dufy permit une réalisation très rapide (dix mois depuis la conception), grâce à un médium mis au point par le chimiste Jacques Maroger qui rend en outre la matière picturale transparente, comme à l’aquarelle. Cette apparente facilité dissimule en réalité une importante innovation technique, de nombreuses recherches documentaires et un travail soutenu (modèles peints nus puis en costumes, dessins reportés au calque pour trouver la disposition des groupes ensuite projetés grandeur nature sur les panneaux à l’aide d’une lanterne magique).

Donnée par Électricité de France, cette décoration monumentale fut installée au Musée d’Art Moderne de Paris en 1964.

 

 

Un travail de revalorisation colossal 

Le projet de revalorisation a commencé avec la restauration de la Fée Électricité, qui s’est déroulée de juillet à octobre 2020. Une documentation photographique très précise a tout d’abord été réalisée grâce à un drone, permettant de prendre plus de 1000 clichés de cette œuvre de 10m de haut et 60m de long. Une dizaine de restaurateurs sont ensuite intervenus pour dépoussiérer l’œuvre et redonner de l’éclat aux couleurs des 250 panneaux.

Découvrez la vidéo sur la restauration

 

Les travaux se sont poursuivis à l'automne 2023. L'éclairage a été renouvelé : des projecteurs LED permettent un éclairage plus intense et uniforme sur les 600m2 de l'œuvre et ses 10 mètres de haut. Les couleurs et les détails sont davantage mis en valeur : les visiteurs découvrent la Fée avec un regard nouveau.

Ce changement d'éclairage a permis une économie d'énergie de près de 15%.

 

Le musée remercie la Ville de Paris et la Société des Amis du MAM Paris d’avoir permis ce projet de revalorisation de la Fée Electricité.

Conception lumière par Stéphanie Daniel
Chantier mené par MDA Lumière
Matériel par ERCO