Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

André Cadere Peinture sans fin

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, en collaboration avec la Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden et le Bonnefantenmuseum de Maastricht, porte un nouveau regard sur l’une des démarches les plus significatives et les plus singulières des années 1970.

Cette exposition constitue la première présentation d’ensemble du travail de Cadere depuis plus de dix ans. Elle s’inscrit dans la lignée de celle de PS1 à New York (1989), de l’« Hommage à André Cadere » au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (1992) et de l’exposition au Kunstverein de Munich (1996), témoignant de l’intérêt suscité par un artiste précocement disparu qui n’a cessé de contourner les formes de diffusion de l’art, perturbant avec ténacité les usages et les rouages du monde artistique.

D’origine roumaine et né à Varsovie (où son père, diplomate, est alors en poste), Cadere arrive à Paris en 1967. Très vite, il tisse des liens avec les artistes parisiens qui, dans le sillage de l’art minimal, du Land Art et de l’art conceptuel, mettent en question l’identité de l’auteur et de l’œuvre, la pertinence de la « signature » et de l’objet. 
Le travail de Cadere n’exclut pas la matière : fabriquées par l’artiste, les « barres de bois rond » sont composées de segments cylindriques dont la longueur est égale au diamètre ; peints de couleurs différentes, ces derniers sont assemblés selon un système de permutation mathématique comportant toujours une erreur. Objet tridimensionnel de taille variable, la barre de bois rond n’a ni haut ni bas, ni face ni revers, ni début ni fin : c’est selon l’artiste une « peinture sans fin » qui peut être accrochée au mur, posée au sol, présentée de façon temporaire et déplacée d’un lieu à l’autre.

La mobilité joue en effet un rôle essentiel dans le travail de Cadere : au cours de promenades programmées et annoncées comme des expositions, l’artiste se montre à certains endroits de la ville, notamment à Paris, une barre à la main, occupant ainsi différents types d’espace public (comme les rues ou le métro). Il témoigne ainsi d’une indépendance extrême à l’égard du cadre institutionnel des musées, salons et galeries – dans lesquels il s’invite sans permission pour « montrer son travail ».

L’exposition s’efforce de retracer l’élaboration du processus logique sur lequel repose son oeuvre. Elle retrace les différentes formes choisies par Cadere pour donner corps à la « présentation de son travail », de l’intervention directe de l’artiste à l’exposition de séries comprenant l’ensemble des possibilités mathématiques offertes par le code sélectionné. Une importante section documentaire, de courts films (réalisés par Alain Fleischer, Sarkis) et un ensemble d’interviews tenteront de rendre compte de la complexité de la démarche et de son déroulement temporel.

Le catalogue de l’exposition (en français, anglais et allemand) comprend une introduction de Karola Grässlin, directrice de la Staatliche Kunsthalle de Baden-Baden, Alexander van Grevenstein, directeur du Bonnefantenmuseum de Maastricht et Fabrice Hergott, directeur du Musée d’Art moderne ; des essais d’Astrid Ihle, Bernard Marcelis et François Michaud ainsi qu’un entretien inédit d’André Cadere avec Lynda Morris. Le deuxième volume, publié à l’occasion de l’exposition au musée, et dont Bernard Marcelis et Astrid Ihle ont assuré l’édition scientifique, constitue le catalogue raisonné des barres de bois rond.

Directeur : Fabrice Hergott

Commissaire : François Michaud

Commissaire associé : Bernard Marcelis