Viola Frey
Viola Frey est une artiste californienne reconnue pour son travail de sculpture, de peinture et de dessin. Elle fut professeure émérite au California College of the Arts. Elle a vécu et travaillé dans la région de la baie de San Francisco et est réputée pour ses sculptures en argile émaillée d’hommes et de femmes plus grandes que nature, qui ont élargi les frontières traditionnelles de la sculpture en céramique. Elle fut diplômée du California College of Arts and Crafts, en 1956 et étudia auprès de Mark Rothko à la Tulane University.
Son travail explore les questions de genre, d’iconographie, en lien avec l’histoire culturelle et l’histoire de l’art. Aux côtés de Peter Voulkos et de Robert Arneson dans les années 50 et 60, Frey a contribué à redéfinir les conventions de la sculpture d’un coté mais aussi de la céramique de l’autre, qu’elle a transformé en un médium artistique libéré des contraintes de l’artisanat et du fonctionnel, marqué par le style de la peinture expressionniste abstraite ainsi que par le pop art. Elle fut instrumentale dans le groupe qui devait se faire reconnaitre sous le nom de Funk art californien. Parallèlement à ses sculptures figuratives, colorées et humanistes, où les femmes sont souvent debout et volontaires alors que les hommes, cravatés, sont assis et plus contraints, elle réalise des pièces relevant de l'assemblage, inspiré par les objets hétéroclites qu'elle collectionne avidement sur les marchés aux puces. L'artiste fut marquée par les écrits de Claude Levi Strauss sur le bricolage. Reconnue internationalement, elle fut invitée en résidence à la manufacture de Sèvres en 1986 avec Betty Woodman et Adrian Saxe. En 1990, elle fut présentée dans l'exposition « La Céramique contemporaine » aux États-Unis au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
Dans Self portrait, une pièce de 1974 proposée en donation par la fondation, l’artiste se représente en tablier de travail, frontale et massive, avec un pot posé à ses pieds. Cet autoportrait contraste avec les représentations traditionnelles réalisées par des artistes surtout masculins, mettant en scène des corps féminins de manière objectivée et fantasmée associés avec l’idée de vase, d’amphores ou de contenant, comme le fameux tableau de Greuze, intitulé de manière suggestive "La cruche percée" et conservé au Louvre. Ici, Viola Frey se représente elle-même, sans fioriture, et aux antipodes d’une féminisation mièvre, avec une fierté et une affirmation à la hauteur de son émancipation.
Cette sculpture serait intéressante en résonnance avec des artistes comme Mason ou Tal Coat, mais aussi dans le cadre d’un accrochage d’autoportraits, notamment féminins (de Marie Blanchard, Suzanne Valadon, Claude Cahun…)
Des œuvres de Viola Frey sont conservées notamment dans les principales collections américaines : du Los Angeles County Museum of Art, the Smithsonian American Art Museum à Washington, D.C., et du Metropolitan Museum of Art ) New York, du Musée Hertogenbosch aux Pays Bas et à la Cité de la Céramique à Sèvres.
Viola Frey (1933-2004)
Self Portrait, 1974
Céramique émaillée en 3 parties assemblées
153 x 63,5 x 53,3 cm