George Condo
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Le Musée d'Art Moderne de Paris organise, avec le concours de l’artiste, la plus importante exposition à ce jour de l'œuvre de George Condo. À la fois peintre, dessinateur et sculpteur, George Condo développe un univers singulier nourri par une culture visuelle prolifique qui parcourt l’histoire de l’art occidentale des maîtres anciens à aujourd’hui.
George Condo, The Portable Artist, 1995, Collection privée © ADAGP
Né en 1957 à Concord, New Hampshire, George Condo s’installe à New York en 1979. Il est rapidement introduit dans la scène artistique locale, travaillant notamment pour l’atelier de sérigraphie d’Andy Warhol. Il part ensuite pour Cologne, puis Paris, qui devient son lieu principal de résidence de 1985 à 1995. Sa grande connaissance de l’art européen le mène à développer une approche personnelle de la peinture figurative et un regard féroce sur son époque.
Après les deux rétrospectives consacrées par le musée en 2010 à Jean-Michel Basquiat et en 2013 à Keith Haring, deux artistes avec lesquels George Condo partagea une véritable amitié artistique, cette exposition est conçue comme le dernier chapitre d'une trilogie new-yorkaise, explorant l'émergence dans les années 1980 d'une nouvelle génération de peintres. Chacun à leur manière, ils ont contribué à remettre en question le médium de la peinture, ce que George Condo, le seul survivant de cette décennie, s’évertue à poursuivre depuis.
Organisée en dialogue avec l’artiste, l'exposition a pour ambition de retracer plus de quatre décennies de la carrière de George Condo en présentant les plus emblématiques de ses œuvres. De nombreuses œuvres provenant de musées américains et européens majeurs (le MoMA, le MET, le Whitney Museum of American Art ou le Louisiana Museum of Modern art) et de collections privées sont pour la première fois réunies à Paris à la faveur de ce projet.
L'exposition comprend près de 80 peintures, 110 dessins – regroupés dans un cabinet d’art graphique dédié – et une vingtaine de sculptures qui ponctuent le parcours.
Bien que rétrospective dans son contenu, l'exposition n'est pas présentée dans un ordre chronologique strict. Elle propose un parcours à travers des cycles et thématiques auxquels l’artiste revient sans cesse au fil de séries d’œuvres distinctes.
L’exposition donne à voir la richesse et la diversité de la pratique de George Condo par le biais de trois volets principaux : le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de la figure humaine, et le lien à l’abstraction.
L’exposition
L’exposition s’ouvre sur les liens féconds entretenus par l’artiste avec l’histoire de l’art occidentale. Dans une salle rejouant les codes d’un grand musée de Beaux-Arts classique, se déploient des œuvres parmi les plus audacieuses jamais produites par l’artiste. Elles montrent comment, de Rembrandt à Picasso en passant par Goya et Rodin, Condo s’approprie les maîtres du passé pour les intégrer à son imaginaire foisonnant, où les figures criantes et inquiétantes sont légion.
Le parcours se poursuit avec la présentation d’un ensemble d’œuvres liées au Réalisme artificiel, un concept imaginé par Condo pour décrire des œuvres défiant toute chronologie. Réalisées dans le style et avec les techniques du passé, ces œuvres empreintes aussi des éléments à la culture du graffiti (série des Names Paintings, 1984) ou à l’imagerie du cartoon (Big Red, 1997), produisant un effet d’incertitude temporelle.
Ce volet de l’exposition s’achève avec la monstration conjointe de deux corpus où Condo reformule l’histoire de l’art à sa manière, soit par l’accumulation (série des Collages, à partir de 1986), soit par la confrontation (série des Combination Paintings, 1990-1993).
Une pause est ensuite prévue au milieu du parcours pour entrer plus intimement dans l’esprit de l’artiste. Un couloir est dédié à la relation fructueuse entretenue par Condo avec la littérature, et notamment aux collaborations menées avec les écrivains de la Beat Generation (William Burroughs, Allen Ginsberg, Brion Gysin…). Ce passage mène à un cabinet d’arts graphiques, regroupant dans un accrochage dense des œuvres sur papier qui retracent l’ensemble de la production de Condo, de ses premiers dessins d’enfant à ses encres et pastels les plus récents.
La représentation de la figure humaine est l’un des sujets principaux de l’œuvre de Condo. L’artiste s’emploie à dépeindre la complexité de la psyché humaine à travers des portraits d’êtres imaginaires qualifiés d’« humanoïdes ». Une section leur est dédiée, d’abord par une série de portraits individuels du début des années 2000 revisitant les codes néoclassiques, puis par une salle regroupant des portraits de groupes (série des Drawing Paintings, 2009-2012). La section se clôture par une salle consacrée à la série des Doubles Portraits (2014-2015). Elle permet d’aborder la dualité de l’esprit humain et la notion de « cubisme psychologique » inventée par l’artiste pour qualifier sa manière de représenter plusieurs émotions dissemblables dans un seul et même portrait.
La dernière grande section de l’exposition propose d’explorer le rapport de Condo à l’abstraction. Depuis ses débuts, l’artiste réalise des œuvres à la lisière de l’art abstrait, à l’instar de la série des Expanding Canvases (1985-1986), où la frénésie calligraphique en all-over vient brouiller la composition. La section se poursuit avec la monstration de plusieurs séries de monochromes – blancs (2001), bleus (2021) et noirs (1990-2019). Un focus particulier est fait sur la série des Black Paintings, avec une salle immersive invitant à l’introspection. L’exposition se termine par des œuvres récentes de la série des Diagonal (2023-2024), révélant la capacité insatiable de l’artiste de redéfinir son propre langage pictural.
Le catalogue
Édité en français aux éditions Paris Musées et en anglais par JRP|Editions, le catalogue est pensé comme un nouvel ouvrage de référence sur l’œuvre de l’artiste. Il rassemble quatre essais prolongeant les thématiques abordées dans l’exposition, rédigés par Edith Devaney et Jean-Baptiste Delorme, co-commissaires de l’exposition, ainsi que par le critique Vincent Bessières et le philosophe Marcus Steinweg.