Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

L'Âge atomiqueLes artistes à l'épreuve de l'histoire

Le Musée d'Art Moderne de Paris propose de revisiter l’histoire de la modernité au XXème siècle à travers l’imaginaire de l’atome. L’exposition invite le public à une exploration des représentations artistiques suscitées par la découverte scientifique de l’atome et de ses applications, en particulier la bombe nucléaire dont les conséquences dévastatrices ont changé le destin de l’humanité. En réunissant près de 250 œuvres (peintures, dessins, photographies, vidéos et installations), ainsi qu’une documentation souvent inédite, l'exposition montre, pour la première fois dans une institution française, les positions très différentes prises par les artistes face aux avancées scientifiques et aux controverses qu’elles suscitent. Traitant d'un sujet plus que jamais d’actualité, elle s'inscrit dans la volonté du musée de faire écho, dans sa programmation, aux préoccupations culturelles et sociétales contemporaines.

1- La désintégration de la matière :

À l’aube du XXème siècle, les découvertes scientifiques sur la composition de l’atome et la radioactivité qui en émane bouleversent le rapport à la matière sur lequel repose la représentation artistique de la réalité. La matière est désormais comprise comme énergie, ce qui permet d’imaginer un art affranchi de la pesanteur et de l’opacité des apparences de la nature. Deux voies se dessinent : l'abstraction mystique recherchée par Vassily Kandinsky et Hilma af Klint, d'une part, et l'art conceptuel de Marcel Duchamp, inspiré par les phénomènes infra-sensibles, d'autre part.

2- La bombe :

L’invention de la bombe atomique et son utilisation destructrice contre le Japon par les États-Unis en août 1945 marquent un point de bascule de l’histoire moderne de l’atome, inaugurant un nouvel « Âge atomique ». Les artistes du monde occidental en proposent des lectures multiples : certains s’en tiennent à une neutralité esthète et à une fascination pour les mondes inconnus révélés par la physique, d’autres engagent une critique de la « spectacularisation » des explosions, d’autres encore tentent de représenter cette irruption du tragique au sein de la condition humaine. Les plus grands artistes de la deuxième moitié du XXème siècle investissent l’idée et l’histoire de l’atome destructeur et d’une nouvelle cosmogonie : Francis Bacon, Salvador Dalí, Lucio Fontana, Gary Hill, Pierre Huyghe, Asger Jorn, Yves Klein, László Moholy-Nagy, Barnett Newman, Sigmar Polke, Jackson Pollock, Thomas Schütte, etc. 

Après la guerre, l’explosion représentée par un très grand champignon devient une image omniprésente, emblématique de la mondialisation du conflit et des communications. Véhiculées par la culture populaire, ces représentations participent de l’impérialisme américain, de la technoscience et de l’essor du capitalisme mondialisé dans les années 50-60 .

Dans le même temps, le bloc communiste mène ses propres campagnes de propagande pour la domination nucléaire. Du côté du Japon, les premières représentations oscillant entre réalisme et surréalisme sont suivies par des collectifs qui mènent des manifestations
« Anti-Art », mettant en cause le colonialisme américain et la nouvelle forme du militarisme japonais.

3- La nucléarisation du monde :

Progressivement, à partir des années 1970, de nouvelles formes d’engagement politique apparaissent, souvent liées à une conscience écologique accrue de la menace que peut représenter l'énergie nucléaire pour l'humanité. L'homme perd la place centrale qu'il occupait auparavant dans une tragédie dont il était à la fois le bourreau et la victime. Depuis l'accident de Tchernobyl notamment (1986), c’est désormais le vivant dans son ensemble qui se retrouve au cœur des préoccupations artistiques.
Les mouvements pacifistes, antinucléaires ou contre-culturels développent une critique politique de la production nucléaire . En écho à d’autres mouvements politiques qui émergent à cette période tels que le féminisme ou l’anticolonialisme, ces voix offrent une lecture renouvelée de l'histoire de l'Art moderne et contemporain. 

L'Âge atomique a la particularité d'être sans retour, la radioactivité se prolongeant dans un futur indéfini. C'est une histoire plus que jamais ancrée dans notre présent même et qui n'a pas fini de s'écrire. L'exposition propose ainsi une traversée aux multiples facettes à travers l'histoire moderne et contemporaine, où l'art, la science et la politique sont devenus indissociables.

Les œuvres rassemblées pour l’exposition proviennent de nombreuses collections publiques et privées : The Art Institute of Chicago, Hiroshima Peace Memorial Museum, Hungarian National Gallery (Budapest), Maison Européenne de la Photographie (Paris), Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), The Museum of Modern Art (New York), Musée National d’art moderne - Centre Pompidou (Paris), The National Museum of Modern Art (Tokyo), Tate (Londres), Zimmerli Art Museum at Rutgers University (New York), Fondazione Piero Manzoni (Milan), Peggy Guggenheim Collection (Venise), Pinault Collection (Paris), Ringier Collection (Suisse), etc. 

Elles s’accompagnent d’archives de photographies et de documents audiovisuels historiques venant de : l’Académie des sciences, la Bibliothèque Kandinsky, la Bibliothèque nationale de France, l’Institut Curie, le Muséum national d’Histoire naturelle, The Niels Bohr Archive (Copenhague), The New York Public Library, etc. 

Le catalogue de l'exposition, comprenant de nombreux essais de spécialistes (philosophes, historiens de l'art et de l’architecture, historiens des sciences, etc.), explore le sujet sous les trois angles de l'art, de la science et de la politique. Il donne aussi la parole à des artistes et écrivains contemporains et rassemble une documentation et une iconographie largement inédites. Enfin, une chronologie très fournie permet de comprendre l'enchaînement des événements scientifiques, politiques, culturels et artistiques qui ont façonné notre « Âge atomique ». 

Artistes : Kenneth Adam, Horst Ademeit, Ant Farm, Francis Bacon, Enrico Baj, Robert Barry, Hélène de Beauvoir, Charles Bittinger, Erik Boulatov, Chris Burden, Alberto Burri, Miriam Cahn, Valdis Celms, Julian Charrière, Bruce Conner, Gregory Corso, Salvador Dali, Gianni Dova, Marcel Duchamp, Friedrich Dürrenmatt, Jaan Elken, Bonita Ely, Lucio Fontana, Loïe Fuller, General Idea, Guy Debord, Vidya Gastaldon, Dominique Gonzalez-Foerster, Hans Grundig, Brion Gysin, Richard Hamilton, Isao Hashimoto, Raoul Hausmann, Shigeo Hayashi, Inārs Helmūts, Justino Herrera, Hessie, « Hibakusha » (les survivants de la bombe atomique), Hi-Red Center, Gary Hill, Jessie Homer French, Pierre Huyghe, Tatsuo Ikeda, Isidore Isou, Motoharu Jōnouchi, Asger Jorn, Jugnet + Clairet, Vassily Kandinsky, Kikuji Kawada, On Kawara, György Kemény, Kiyonori Kikutake, Yves Klein, Hilma af Klint, Susanne Kriemann, Barbara Kruger, Tetsumi Kudo, Yayoi Kusama, Wifredo Lam, Mikhaïl Larionov, Jean-Jacques Lebel, Le Corbusier, Francesco Lo Savio, Piero Manzoni, Yoshito Matsushige, Roberto Matta, Herbert Matter, Gustav Metzger, Boris Mikhaïlov, László Moholy-Nagy, Henry Moore, Minoru Nakahara, Natsuyuki Nakanishi, Jürgen Nefzger, Barnett Newman, Natacha Nisic, Isamu Noguchi, Yoko Ono, Kiyoji Otsuji, Wolfgang Paalen, Eduardo Paolozzi, Claude Parent, Gaetano Pesce, Raymond Pettibon, Otto Piene, Giuseppe Pinot Gallizio, Sigmar Polke, André et Jean Polak, Jackson Pollock, Richard Pousette-Dart, Grant Powers, Margaret Raspé, Nathalie Rebholz, Stefan Rinck, Thomas Schütte, Jim Shaw, Vladimir Shevchenko, Kazuo Shiraga, Mimi Smith, Amy Sillman, Sisters Of Survival, Nancy Spero, Viatcheslav Syssoev, Atsuko Tanaka, Koichi Tateishi, Diana Thater, Shōmei Tōmatsu, Hiromi Tsuchida, Luc Tuymans, Peter Watkins, Ray Wisniewski, Wols, Yōsuke Yamahata, Vladimir Yankilevsky, Alexander Zhitomirsky, etc. 

Commissaires : 
Julia Garimorth, conservatrice en chef au Musée d’Art Moderne de Paris
Maria Stavrinaki, professeure en histoire de l'art contemporain, Université de Lausanne 

Conseillère scientifique :
Kyveli Mavrokordopoulou, enseignante-chercheuse en histoire de l'art et humanités environnementales, Vrije Universiteit Amsterdam 

Assistées de :
Sylvie Moreau-Soteras, chargée de recherche et de documentation au Musée d'Art Moderne de Paris

 

Exposition réalisée avec le soutien de